Nouvelle Humanité

18/11/2021

I.

D'une étonnante banalité, le jour se leva déjà bercé par la lassitude des travailleurs, l'angoisse des parents et l'insouciance des écoliers. Le printemps s'était installé dans la ville il y a déjà quelques jours, tapissant les jardins publics et les avenues vertes de fleurs magnifiques. On eut cru, sans audace, que le calme ne pourrait être perturbé.

Une querelle entre un automobiliste et un cycliste éclata à un carrefour. La circulation de la rue principale fut ralentie et cela offrit de bon matin un concert de klaxons rythmé.

Le vacarme de l'extérieur réveilla Adam. Depuis des jours, le jeune homme passait son temps chez lui, entre ses draps, prétextant auprès de son employeur un rhume imprévisible. Sa maladie se nommait Inès, une femme de dix ans son aînée pour qui il avait des sentiments. Non partagés à priori, en vue de la réponse qu'elle lui donna la semaine précédente, lors d'un rendez-vous : « Nous sommes amis, rien de plus ». Que pouvait-on répondre à cela ?

Adam ne dormait plus la nuit. Il s'occupait l'esprit à oublier cette femme, mais la tâche s'annonçait plus difficile qu'il ne l'aurait imaginé. Dès qu'il pensait s'être débarrassé de son souvenir ; son odeur, sa voix et sa chaleur l'habitait de nouveau et il oubliait d'oublier.

La journée défila trop rapidement au goût d'Adam, si bien qu'il n'eut pas le temps de se consacrer à son activité favorite : regarder dans le vide et songer à ce qu'il ne pourrait jamais avoir.

Malgré un manque de volonté, le jeune homme fut contraint de sortir de chez lui pour la première fois depuis ce fameux rendez-vous avec Inès. Les sacs d'ordures dans la cuisine répandaient une odeur pestilentielle. Il traîna les pieds jusqu'au local et poussa un long soupir. Une voix mécanique le fit sursauter alors qu'il déchargeait les sacs dans la benne.

- Bonjour, Adam. Comment allez-vous aujourd'hui ? N'avez-vous donc pas regardé les informations ?

C'était Toss, un androïde particulièrement bavard que Monsieur Schmitt, le voisin, s'était acheté pour combler la solitude que la mort de sa femme avait engendré. Il ressemblait à tous les robots que l'on pouvait trouver en magasin, mais celui-ci avait la faculté de lancer les sujets de conversations les plus incongrus.

- Ça ne m'intéresse pas de connaître le temps qu'il fait à Saint-Gneugneu, répondit Adam avec amertume, ni le nom du prochain guignol qui se présentera aux élections.

Adam ne regardait jamais la télévision holographique. Cela lui donnait la nausée. Il n'était pas du genre à croire aux médias, même les plus sérieux.

- Quel âge avez-vous, Adam ? demanda le robot.

- Tu vas revendre cette information ?

- Je vous en prie, Adam. Je suis un androïde de compagnie, pas une enceinte connectée. Vous pouvez tout me dire.

- Bizarrement, cette réponse me donne moins confiance.

- D'après le nombre de rides présentes sur votre front, la calvitie qui vous guette et les cernes entourant vos yeux, je vous donnerai à peine plus d'une trentaine d'années, Adam.

- J'ai vingt-six ans, mais je ne le prends pas mal. Disons que certains évènements nous vieillissent prématurément.

- Et d'autres vous tuent sans résilience.

- Que veux-tu dire par là ?

- Vous le seriez, si vous regardiez les informations.

- Ah ! Ne joue pas avec ma curiosité et dis !

- De puissants rayonnements cosmiques et une pluie d'astéroïdes menacent directement la planète Terre. Je n'aimerais pas être un humain aujourd'hui.

- Et moi je n'aimerais pas être un robot qui croit en toutes ces bêtises. C'est un poisson d'avril en avance de quelques jours. Vous vous êtes fait avoir comme un humain.

- Il n'y des vérités auxquelles on ne peut lutter contre, Adam.

- C'est de qui ?

- De Monsieur Schmitt lui-même.

- Je ne veux pas paraître méchant, mais je ne le considère pas comme une grande référence, si tu vois ce que je veux dire.

- Vous le trouvez stupide, Adam ?

- Je ne me permettrais pas.

Une secousse fit trembler la terre. Adam manqua presque de perdre l'équilibre et se rattrapa au bras du robot.

- Ce doit sûrement être l'onde de choc d'un astéroïde ayant terminé sa course sur notre planète, remarqua Toss avec une déconcertante indifférence.

Adam émit pour la première fois un doute sur ce qu'avait affirmé l'androïde à peine une minute avant. L'information se confirma lorsqu'une de ses voisines, une avocate à la retraite, très pieuse, se mit à hurler dans la cage d'escalier :

- Le jugement dernier est proche, mes amis ! Priez le Seigneur pour qu'il vous accorde miséricorde !

La vieille dame passa devant le local à ordures et s'y arrêta. Son expression faciale, à peine perceptible dans la pénombre de la pièce, traduisait une terreur grandissante, le genre d'émotion qu'on ne peut pas feindre.

- Adam, mon petit, soyez béni ! Puisse le Seigneur vous offrir le Paradis !

Le jeune homme n'était pas croyant, mais avait beaucoup d'affection pour sa voisine malgré leurs convictions opposées. Il avait besoin de vérifier par lui-même ce qu'elle affirmait. Aussi, décida t-il de sortir du local pour inspecter l'extérieur à travers la porte d'entrée vitrée de l'immeuble.

Cette fois-ci, devant la preuve évidente d'une catastrophe, Adam prit au sérieux les propos de Toss et de l'ancienne avocate. Le paysage s'écroulait sous ses yeux. Des lambeaux tombaient du ciel qui était d'une couleur cuivre apocalyptique.

La voisine suivit Adam et le pria de se décaler pour ouvrir la porte.

- Adieu, je vais me confronter au monde pour la dernière fois.

Le jeune homme, sous le choc, referma immédiatement la porte après le passage de la vieille dame et s'adossa au mur de droite. Il enfouit son visage entre ses mains et poussa des cris d'angoisse.

Toss avança vers Adam d'un pas lent. Il posa sa main d'acier sur l'épaule du jeune homme (comme un humain le ferait) et pencha sa tête vers lui.

- Ne pleurez pas, Adam.

- Je ne pleure pas ! s'exacerba-t-il. Je suis perdu...Je ne sais pas quoi faire.

- Il n'y a rien à faire, Adam.

- Et arrête de ponctuer toutes tes phrases par Adam !

- Pardonnez-moi, Monsieur.

- Ça non plus ! dit Adam, les nerfs à vif.

- Je vous demande pardon.

- Allez retrouver Monsieur Schmitt, il a sûrement besoin de vous.

- Monsieur Schmitt a déjà quitté l'immeuble, comme le reste des résidents.

- Et il vous a laissé seul ?

- Il a manifesté l'envie de se promener une dernière fois.

- Et moi je suis là...En pyjama, pas lavé, à parler à un fichu robot.

- Rassurez-vous, cela ne va pas durer. Il resterait selon les scientifiques soixante-dix-sept minutes avant que la Terre ne devienne un vaste champ de ruines.

- Ils ne pouvaient pas prévoir ça, eux ? Ils savent trouver des vaccins, aller sur Vénus, mais pas empêcher la fin du monde ?

- Il faut croire que l'humain a ses limites.

- Bon.

Adam, après plusieurs minutes de tourments émotionnels, réussit à réfléchir normalement. Et même s'il n'acceptait pas encore sa condition, il commençait à prendre conscience des minutes qui s'écoulaient et de l'instant fatidique qui le guettait.

- Bon ? reprit Toss.

Le jeune homme invita l'androïde chez lui. Il leva les stores de la baie vitrée du salon et rejoignit le balcon. Adam prit place sur une chaise pliable et encouragea Toss à faire de même. Face à eux, l'embrasement du monde.

- Je n'ai rien à te proposer, ni alcool ni sodas.

- Je suis un robot.

- C'est vrai, c'est vrai.

- N'avez-vous pas de la famille ou des proches à contacter ?

- Je pourrais passer des dizaines de coups de fil, mais je ne veux pas rendre ce moment plus dur qu'il ne l'est déjà.

- Les humains sont si paradoxaux.

- Les robots aussi.

- Car nous avons été créés par vous.

- Dis-moi, ça fait quoi d'être un robot ?

- Je n'ai pas été programmé pour répondre à ce genre de questions.

- C'est pourtant le genre de questions qui intéressent le plus les humains.

- Il s'agit là d'une curiosité malsaine. Qu'espérez-vous tirer de cet enseignement ?

- Un savoir utile.

- Je pourrais vous demander ce que c'est d'être un homme, d'être né d'une mère, d'avoir grandi au gré des sensations diverses, d'avoir goûté, vu et aimé. Mais je ne me permettrai pas.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne comprendrais pas.

- Tu n'envies pas les humains, parfois ?

- Je suis dépourvu de désirs.

- Ce n'est pas très amusant d'être un robot.

- Ma fonction n'a jamais été de prendre du plaisir. Vous me prêtez des qualités qui vous sont propres. J'ai été créé dans un seul but, aider les humains.

Une secousse, plus intense que la précédente interrompit Adam et Toss.

- Combien de temps reste-t-il ? demanda le jeune homme, les yeux rivés sur le ciel.

- Quarante-neuf minutes.

- Je n'aurais jamais espéré connaître la fin du monde. Quand j'étais petit, je pensais que j'allais devenir l'homme le plus vieux du monde. J'aimerais te transmettre mes souvenirs avant de mourir.

- Personne ne les lira.

- De toute façon, qui ça peut intéresser ?

- Un robot prénommé Toss.

- Tu aimerais les entendre ?

- Si Monsieur veut bien me les partager.

- Eh bah, la première chose qui me vient en tête, c'est Inès.

- Inès ?

- Montessio. Elle travaille au centre d'observation spatiale de la ville. Je l'ai rencontré il y a un peu moins d'un an lors d'une éclipse lunaire.

- Pourquoi a-t-elle une importance dans votre vie ?

- Je l'aimais.

- Vous parlez au passé.

- Mais elle, non.

- C'est bien malheureux, j'en suis désolé.

- Je crois qu'aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.

Un grondement déchira le ciel et fit de nouveau trembler la terre. Cette fois-ci, Adam en tomba de sa chaise. Il se redressa avec difficulté et s'aperçut qu'il s'était ouvert le poignet. L'instinct robotique de Toss le poussa à réagir immédiatement à la première goutte de sang qu'il vit jaillir.

- Vous êtes blessé. Je vais aller chercher une compresse et du désinfectant.

Adam secoua négativement la tête et s'assit de nouveau sur la chaise.

- Tu n'as plus besoin de jouer au robot domestique, Toss.

- Je ne joue à rien. J'ai été programmé pour répondre aux besoins des humains.

- Depuis combien de temps tu existes ?

- Vous voulez dire, combien de temps se sont écoulés depuis ma création ? Exactement cinq mille deux jours.

- Et tu n'as jamais rêvé d'une seule journée sans avoir à répondre aux ordres des humains ?

- Je suis un robot, je vous rappelle. Il n'y a que les humains qui aspirent à cette liberté.

- Mais à quoi aspirent les robots ?

- A rien, Monsieur. C'est ce que j'essaye de vous faire comprendre. Vous êtes les seules créatures terrestres à être dotées du profond désir de vous libérer des ordres naturels.

- Est-ce que c'est mal ?

- Je ne saurai dire.

- Tu sais à quoi je viens de penser ? Timothée, en classe de cinquième. Je m'étais moqué de lui car il avait un cartable à roulettes. Il avait passé la récré' à pleurer dans les toilettes.

- Eprouvez-vous des remords ?

- Si c'était le seul truc que j'avais à me reprocher dans toute ma vie, j'en serais bien heureux, ricana Adam avant de soupirer.

- Qu'avez-vous donc d'autres à vous reprocher ?

- Tellement de choses, Toss...Je ne suis pas un ange.

- Très juste, vous êtes un humain.

La plaie du poignet d'Adam ne saignait plus. Tandis qu'il conversait avec Toss, des étoiles rouges s'écrasaient sur la ville et au loin derrière les collines. L'air devint brûlant, défiant les températures moyennes d'un mois de mars. Sans s'en rendre compte, Adam eut de plus en plus de mal à respirer. Il commença à se sentir divaguer, la sensation d'avoir la tête creuse et les membres lourds.

- Je ne me sens pas très bien, déclara-t-il à l'androïde qui saisit aussitôt sa main.

- Je vais analyser vos constantes. Il semblerait que votre taux d'oxygénation est anormalement faible. Vous inspirez une quantité trop importante de dioxyde de carbone.

- Combien de temps reste-il ? demanda le jeune homme d'une voix affaiblie.

- Quinze minutes.

- Je me sens déjà partir, Toss.

- Selon mes données, votre décès est estimé dans onze minutes. Que voulez-vous faire en attendant ?

- Finir mes mémoires. Enregistre mes mots.

- C'est chose faite, Monsieur. Je vous écoute en permanence pour améliorer mon système vocal.

- Bordeaux.

- Votre ville de naissance ?

Adam hocha simplement la tête et articula mécaniquement :

- Mes parents. Lily et Lucas.

- Avez-vous des frères et sœurs ?

- Deux sœurs. Un frère.

- Avez-vous des souvenirs avec eux ?

- Vacances. Mer. Soleil.

- Où vivent-ils aujourd'hui ?

- Paris.

- Depuis combien de temps n'avez-vous pas vu votre famille ?

- 8 ans.

- Pour quelle raison ?

- Dispute.

- Qu'aurez-vous aimé leur dire aujourd'hui ?

Plus de réponse.

Adam ferma les yeux pour la dernière fois et le monde le suivit. Onze milliards de cœurs cessèrent de battre en même temps. Toss, constitué partiellement d'une matière spéciale résistant aux hautes températures, ne fut que très peu endommagé. Il porta le corps inerte du jeune homme et le posa sur son lit. Il quitta ensuite l'appartement puis l'immeuble et traversa la ville. Il croisa au hasard des rues d'autres d'androïdes comme lui. Ils se rassemblèrent en un seul lieu et, face à la désolation de la Terre, conclurent un pacte : conserver en l'état l'Histoire de l'espèce humaine et des êtres vivants qui partageaient cette planète.

- C'est ce que les humains auraient voulu, énonça un des robots présents.

- Nous sommes trop peu nombreux pour assurer une telle mission, nuança un autre.

Toss prit la parole et proposa la solution suivante :

- Nous pouvons ramasser des éléments et créer d'autres robots pour nous aider.

Ainsi, grâce aux ruines de la civilisation, le petit groupe d'androïdes parvinrent à construire des semblables et ceux-ci fabriquèrent d'autres robots dans le même but.

II.

« Il se fait loin, le temps des humains... » déclara Toss, à présent nommé 1157, au dernier étage d'un bâtiment qui fut autrefois une mairie. Plus d'une centaine d'années après l'extinction de toute vie terrienne, des millions d'androïdes répartis sur la surface du globe nettoyaient, réparaient et conservaient les vestiges d'avant. L'illusion fonctionnait ; la ville donnait l'impression d'être encore animée. Les machines travaillaient à toute heure sans réaliser les jours qui défilaient en secret derrière chaque coucher de soleil.

Les robots dotés d'une plus grande capacité préservaient le patrimoine immatériel de l'espèce. 1157 faisait partie des androïdes chargés de la propreté, ceux dont les défauts de fabrication et l'usure du temps ne permettaient pas d'acquérir de plus hautes responsabilités.

1157 se distinguait des autres, notamment par une étrange capacité qui l'avait acquise aux souvenirs des humains qui l'avaient côtoyé. Monsieur Schmitt, l'avait éduqué comme le ferait un père. Le vieil homme lui avait enseigné les particularités de la nature humaine. Il fallut des années à 1157 pour l'admettre. Le robot développa une conscience artificielle et, au même titre que son propriétaire, parvenait parfois à ressentir des émotions comme la tristesse, la colère et la joie. S'éloignant des lignes de code qui l'avaient programmé, 1157 créait ses propres pensées.

Il regrettait alors les discussions qu'il avait avec les humains. Elles étaient bien plus intéressantes que les messages vocaux que s'envoyaient entre eux les androïdes, des mots mécaniques dénués de toute sensibilité.

Cette nuit-là, l'androïde s'accorda une pause pour se recharger et observa les constellations. Ces tracés d'étoiles dominaient le ciel sans nuages. Aucune machine n'avait un jour osé contempler ce spectacle réservé aux humains. Ce n'était pourtant pas la première fois que 1157 enfreignait cette règle.

Une étincelle fuyante traversa l'étendue noire et interrompit l'androïde. Face à cela, Monsieur Schmitt avait l'habitude de fermer les yeux et de se concentrer sur ce qu'il souhaitait voir de concret. En fouillant dans sa mémoire rouillée, l'androïde se souvint de l'appellation donnée à ce phénomène. Un vœu, cela se nommait ainsi. Il imita alors son propriétaire en se donnant l'espoir de revoir les humains marcher sur la terre qui les avaient vu naître.

1157 se sentit tout à coup faiblir. Il songea à un simple faux-contact causé par la déconnection d'un fil dans son cerveau-ordinateur, mais il écarta rapidement cette piste. L'androïde se souvint des leçons de son propriétaire et put identifier ses symptômes. Ses membres mécaniques tremblaient et des décharges électriques parcouraient son corps. 1157 mit un mot sur son mal, la solitude. Il n'avait jamais éprouvé cela auparavant, aucune machine n'en avait déjà fait l'expérience, et cela n'était pas plus courant chez un galet que chez un androïde de son espèce.

- Voilà une émotion nouvelle à répertorier dans ma base de données, songea-t-il.

Parmi celles qu'il avait déjà éprouvées, cette émotion-là fut la plus saisissante et celle qui le fit le plus souffrir.

Soudain, un robot entra dans la pièce à demi-éclairée par la Lune. Il se présenta à 1157 en se courbant dans un mouvement machinal.

- 2881. Je suis chargé du nettoyage de cette pièce.

- Il y a erreur, répondit 1157 sur un ton identique. Je suis chargé du nettoyage de cette pièce.

L'androïde fit un tour sur lui-même et s'apprêta à sortir, mais 1157 voulut profiter de sa présence.

- Restez. Si vous avez été assigné ici, y rester un peu ne vous causera aucune peine.

Les deux machines étaient semblables physiquement, elles avaient été conçu et assemblé dans la même usine et souffraient des mêmes impacts du temps. La fine couche de peinture qui recouvrait leur peau synthétique était écaillée et les extrémités de leurs membres étaient affinées.

- Rester ? répéta le robot.

- Je me sens seul, avoua 1157. Je me demande si tout cela est encore utile de nettoyer toutes ces salles.

- Notre mission est de préserver les lieux.

- Dans quel but ?

- Conserver l'histoire de leur civilisation.

- Ils n'existent plus.

Leur conversation était inutile, ils ne pouvaient pas se comprendre, ils ne parlaient pas le même langage. Une pensée germa dans la conscience de 1157. Une idée insensée qu'aucun humain ne pouvait rejeter.

- Pourquoi nous destiner à garder en état des bâtiments qui nous sont inutiles, alors que nous pourrions faire vivre ce qu'ils nous ont appris ?

- Que nous ont-ils appris ? demanda 2881 en s'approchant davantage de son homologue.

- La liberté d'être.

- Je ne comprends pas.

- Alors observez plutôt.

1157 abandonna son travail et quitta la salle. L'autre robot lui emboîta le pas. Ils s'aventurèrent dans la ville et franchirent le seuil vers un ailleurs. L'Humanité était de retour sur Terre sous une nouvelle forme. 1157 se sentait désormais prêt à créer sa propre histoire, indépendamment de celle des humains.

@paulinedjrdauteure
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